- stupre
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• 1684; « viol » 1378; lat. stuprum♦ Rare et littér. Débauche honteuse, humiliante. ⇒ luxure. Vivre dans le stupre. « L'atmosphère invite aux voluptés sommaires, aux jeux, aux stupres » (A. Gide).⇒STUPRE, subst. masc.Littér. Débauche honteuse, avilissante. Se jeter, se vautrer dans le stupre. Elle eut soudain l'horrible et précis rappel de tout ce qu'elle avait fait pour cet homme, de leurs nuits, de cet amour insensé, de cette adoration d'une chair méprisable où elle s'était abaissée et prostituée. Jusqu'où n'avait-elle pas abdiqué sa pudeur et sa dignité, quel stupre n'avait-elle pas accepté pour susciter en lui le frisson du plaisir (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 124). Il eut honte de Rose comme d'une fille perdue à qui il était lié par le stupre le plus bas (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 43).— Subst. + de stupre. Lieu de stupre. C'était par les villes et par les bourgs un souffle déchaîné de stupre et d'adultère (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 261). Borgne, aveugle, sourd, noué, l'homme est encore une bête de stupre (ARNOUX, Suite var., 1925, p. 166).— En partic. Acte de lubricité, viol. Gilles s'installait aux fenêtres du château et (...) faisait monter ceux [de jeunes mendiants] dont la physionomie l'incitait au stupre (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 12).REM. Stupreux, -euse, adj., hapax. En une heure nous avons été fornicatrices, adultères, incestueuses, stupreuses (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 240).Prononc. et Orth.: [
]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1372 « viol » stupre et defloracion de vierge (DENIS FOULECHAT, trad. de JEAN DE SALISBURY, Policraticus, éd. Ch. Brucker, fol. 96 recto, col. 1, p. 293); 1684 « débauche honteuse » (Nouv. dict. du voyageur fr.-all.-lat., 854 [Chouët] ds QUEM. DDL t. 12). Empr. au lat. class. stuprum « action de déshonorer, violence, attentat à la pudeur; relations coupables ». Fréq. abs. littér.:31.
stupre [stypʀ] n. m.ÉTYM. 1684, D. D. L.; « viol » 1378; lat. stuprum.❖♦ Littér. Débauche honteuse, humiliante; souillure (→ Effluence, cit. 2). ⇒ Luxure. || Se vautrer, se jeter dans le stupre.1 Sur les quais (de Calvi), un peuple demi-nu circule, la haute société de quelques yachts de plaisance se mêlant aux pêcheurs du petit port; tout cela respire l'insouciance et la liesse. L'atmosphère invite aux voluptés sommaires, aux jeux, aux stupres, et reste parfaitement impropre à la médidation.Gide, Journal, 22 août 1930.REM. Cet emploi au pluriel est rare.2 Le rapprochement sur la scène de deux manifestations passionnelles, de deux foyers vivants, de deux magnétismes nerveux est quelque chose d'aussi entier, d'aussi vrai, d'aussi déterminant même, que, dans la vie, le rapprochement de deux épidermes dans un stupre sans lendemain.A. Artaud, le Théâtre et son double, Idées/Gallimard, p. 121.3 Elle représente une femme de type africain, couchée à plat ventre et s'appuyant sur ses deux bras, face levée vers le ciel et son corps nu à demi redressé, en une pose de bacchante ivre qui reprendrait respiration après s'être roulée dans le stupre ou dans le raisin.Michel Leiris, Fourbis, p. 48.
Encyclopédie Universelle. 2012.